lundi 23 juin 2014

Extraits d'Impressions (1930) par Donna Ceschella Basile née Comtesse Bourbon del Monte.

Samedi j'ai acheté un livre pour le lire dans la foulée,
car j'ai été touché par la justesse de son ton et aussi
car ça noirceur faisait écho à mon état d'esprit,
qui a retrouvé depuis sa joie sereine.

Je tiens à préciser avant la lecture de "sans bruit" que c'est moi qui pendant quelque
jours ait choisit de regarder derrière moi dans les profondeurs de la nuit.

Sans Bruit.

Sans bruit, sans bruit, et si tu en meurs,
il faut que ce soit sans bruit, mon cœur.
Sans bruit, et de tout ce que tu dois souffrir,
ne livre pas au monde un seul de tes soupirs.

Car le monde ne fait que rire des larmes
quand le malheur ne le touche pas.
Moi, dans ma douleur, je trouve un charme,
car cette douleur me vient de toi.

Illusions, chimères,espérances,
beaux jours passés en rêvant,
de ces rêves d'or, ébauchés en silence,
je me suis éveillée en pleurant.

Comme souvenir, j'ai remporté une couronne
d'épines, que j'ai tressée en rêvant,
et pourtant je ne céderais à personne
mon droit de souffrir en t'aimant !

Et quand tout meurt, quand tout s'oublie enfin,
quand tout au seuil de l'autre vie se brise,
en silence je joindrai mes mains,
et _ sans bruit _ sera encore ma devise.

Ce qui charme ici bas bientôt s'envole,
les jours heureux et les sourires
fuient au loin en folles farandoles
ne nous laissant que le souvenir.

Le souvenir nous reste, et bien souvent alors,
le soir, quand la nature s'endort,
sans bruit on rêve, on revient en arrière,
on lève la tête, on est fier,
d'avoir eu sa part de vie,
d'avoir aimé, d'avoir souffert.
Et l'on bénit
celui qui fut la source de toutes nos peines.

Alors, dans le soir triste, on ne sent plus de haine
pour personne,
mais on voudrait
finir sa vie comme cela, dans ce baiser
infini et immense que la nature nous donne.

Mourir enveloppés dans ce double mystère
d'ombre et de silence qui enveloppe la terre.

On mourrait sans regrets,
on mourrait sans craintes,
on mourrait en souriant,
sans angoisses et sans plaintes.

Notre âme s'envolerait
en silence dans la nuit,
on mourrait doucement,
sans larmes et _ sans bruit.


Sonnet. 

 Peut-être voudrais-tu que je dise : peut-être, pour répondre au désir encore inexpliqué ?
Voudrais-tu que, penchée parfois à la fenêtre,
je t'envoie un sourire en te voyant passer ?

Tu voudrais, n'est-ce pas, que j'écrive une lettre,
 en conjuguant souvent le joli verbe aimer ;
 tout cela pour tromper, au plus fond de notre être,
le sentiment plus fort de l'autre vérité !

Non, je ne saurais dire : j'aime, avec les lèvres,
lorsque l'âme est fermée et que le coeur est froid.
Car l'amour est fragile, comme un précieux sèvre,

on doit le conserver au plus profond de soi,
sans en rien gaspiller, sinon peut-être, un jour,
quand on voudra aimer, on n'aura plus d'amour !


Ballade.

Un jour, le plaisir a battu à ma porte,
Je lui ai ouvert en riant, car j'étais forte,
et je n'avais pas peur
du bonheur.
Mais par la porte qu'il n'a pas fermée,
la douleur après lui est entrée
car frère et soeur ne se quittent pas.
Et j'ai eu froid.

Plus tard s'en vint, je ne sais d'où
le désespoir, aux yeux de fou,
j'ai frisonné, car j'ai eu peur
d'être sa soeur !

Désespoir et Désespérée,
frère et soeur se sont retrouvés.
Il m'a enlacée de ses longs bras
et ne m'a plus quitté dun pas.

Un soir s'en vint le repentir,
mais il ne put nous désunir ;
et j'ai invoqué mon chevalier
pour qu'il s'en vienne me délivrer.

Viens, chevalier, u n'entends pas
que je t'appelle avec angoisse ?
J'écoute tous les pas qui passent
pour reconnaître enfin ton pas !

Oh ! Chevalier, mon seul Amour
qui est resté pur et inassouvi !
Oh ! hâte-toi, car je ne puis
t'attendre encore plus qu'un seul jour !

Près de la porte, dans la même nuit
j'ai vu une ombre morne et grise,
j'ai vite ouvert... elle m'a prise...
Hélas ! car ce n'était pas lui !

La nuit d'après, mon chevalier
est arrivé, tout essouflé,
C'était l'Amour que j'attendais...

"Oh ! douce amie, je suis venu !
Réponds-moi donc, où donc es-tu ?
Hélas ! ne m'aimes-tu donc plus ?"

Il a frappé longtemps à ma porte.....
Je n'ai pas ouvert, car j'étais morte !

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